Après le pétrole, le café (de l’arabe « qahweh » qui signifie « revigorant ») est le produit le plus précieux au monde. Nous l’apprécions, nous en avons besoin, nous en consommons des quantités massives. Environ 2,5 milliards de tasses sont consommées chaque jour sur la planète.
En France, le « p’tit noir » bu au comptoir et partout ailleurs, ne connait pas la crise. On l’apprécie de longue date. Il est d’ailleurs connu que le célèbre écrivain et philosophe français Voltaire buvait entre 40 et 50 tasses par jour.
Mais où et quand a commencé exactement ce phénomène qu’est le café ?
D’où vient le café ?
On ne le sait pas très bien. Dès le 9e siècle, le café est cité par Avicenne, célèbre médecin et philosophe qui dans les usages de la médecine, décrit les effets du café sur le système digestif.
Mais, comme avec la plupart des aliments, les débuts du café sont enveloppés de mystères et de légendes. Le caféier est probablement originaire d’Ethiopie, dans la province de Kaffa car, selon une légende Ethiopienne populaire, le café aurait été découvert par un éleveur de chèvres nommé Kaldi. Il trouvait que ses chèvres gambadaient et étaient pleines d’énergie après avoir mangé les baies rouges d’un petit arbre : le caféier. Kaldi goûta donc les baies pour lui-même et eut une réaction similaire.
Ensuite, la diffusion du café se serait répandue probablement au 7e siècle ou 8è siècle dans le Yémen où sa popularité a très certainement profité de la prohibition de l’alcool par l’Islam.
Du grain de café…
Dans sa forme la plus basique, c’est-à-dire non transformé, le fruit du caféier est un fruit semblable à une cerise, il devient rouge à maturité ; le grain de café se trouve au centre du fruit. Cet arbre a une particularité : un pesticide naturel est présent dans la plante et protège l’arbre des insectes jusqu’à maturation des baies de café.Avant de devenir notre boisson incontournable du matin, le café était préparé de différentes manières.
A l’origine, on utilisait les baies crues. On les mélangeait avec de la graisse animale pour créer un en-cas protéiné très riche et énergétique.
Ensuite, la pulpe fermentée a été utilisée pour faire une sorte de vin. D’ailleurs, une boisson similaire a été faite à partir du fruit de cacaoyer, avant l’avènement du chocolat. Une autre boisson qui est apparue autour de l’an 1000 a été faite à partir du fruit entier de café, y compris les haricots et la coque.
Il a fallu attendre le 13ème siècle pour que les gens commencent à griller les grains de café, la première étape dans le processus de préparation du café que nous connaissons aujourd’hui.
… au nectar noir
La version moderne du café torréfié a son origine en Arabie. Au cours du 13ème siècle, le café était extrêmement populaire auprès de la communauté musulmane pour ses pouvoirs stimulants, qui se sont avérés utiles lors des séances de prières souvent longues.En faisant sécher et griller les grains de café, les rendant ainsi stériles, les Arabes se sont accaparé une grande part des cultures de café. En fait, la tradition dit qu’il n’existait pas une seule fabrique de café en dehors de l’Arabie ou de l’Afrique jusque dans les années 1600, Baba Budan, date à laquelle un pèlerin indien, quitta la Mecque avec des haricots fertiles fixés à une sangle sur son abdomen. Les haricots de Baba Budan permettront la création d’un commerce et le caféier sera introduit dans les colonies antillaises où la France s’approvisionnera librement.
Le café des Colonies Antillaises sera consommé en France dès 1736. En 1780 avec 40 000 tonnes annuelles, Saint Domingue fait alors figure de premier producteur mondial.
Bientôt de Cuba à Haïti, en passant par la Dominique et la Jamaïque, où les Anglais plantent en 1730, ce qui sera considéré comme le meilleur café du monde, ce sont toutes les Caraïbes qui sont envahies par le café. La culture du café se diffusera ensuite dans toute l’Amérique latine. La demande de café était telle que toutes les colonies ont recours à la traite des Noirs et qu’aux Antilles et en Amérique du Sud des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants cultivent le café dans des conditions inhumaines pour le seul profit d’une poignée de propriétaires. C’est pour cette raison que le Brésil est devenu leader mondial du café au 18è siècle ; bien qu’il soit devenu indépendant en 1822, il attendra 1888 pour abolir l’esclavage.
Le 19e siècle sera marqué par l’introduction du café dans toutes les régions tropicales, jusqu’en Australie.
La conquête du café en Europe
Au milieu du 16e siècle, le café part de Turquie à la conquête de l’Europe. Grâce aux récits des explorateurs et aux produits exotiques qu’ils rapportent, l’Europe de la Renaissance s’initie au » vin d’Arabie « .
Le premier européen qui décrit précisément le café est le docteur Prosper Alpin qui publie en 1592 « Plantes d’Egypte ». Il conseille une décoction de café pour lutter contre la « froideur » de l’estomac et toutes sortes troubles digestifs : engorgement du foie ou de la rate, constipation, douleurs diverses ; censé nettoyer les organes internes, ce mystérieux « caoua » était aussi considéré comme extrêmement efficace dans les cas d’inflammation de la matrice (utérus).
C’est à Venise que le café fait sa première apparition en 1604. Jusqu’au 17e siècle, le café n’est qu’une curiosité que certains voyageurs rapportent d’Orient. Dans la première moitié du 17e siècle, la boisson est connue à Marseille sans qu’il y ait de transactions sur les grains de café. Puis, la consommation s’étend à l’Italie, la France, l’Angleterre et l’Allemagne. En 1644, un navire d’Alexandrie débarque sa marchandise à Marseille où s’ouvre, 10 ans plus tard, le premier café public.
Vers 1669, le sultan ottoman Mehmed IV envoie un ambassadeur de l’empire ottoman à Paris, Soliman Aga, qui reçoit dans un luxe extrême et propose du café à ses hôtes et la boisson conquiert la cour. Tout le monde semble conquis par le café, que l’on trouve au début amer, mais que l’on apprécie avec un morceau de sucre. Tout le monde, sauf Louis XIV qui préfère le chocolat.
Il faut pourtant encore bien des années pour que l’usage du café s’étende à toutes les couches de la population. Divers conflits d’intérêt empêchent la diffusion : les producteurs de vin qui ne voient pas d’un bon œil l’arrivée de ce concurrent. De plus, des rumeurs circulent à propos des effets néfastes du café sur la santé, et tout particulièrement sur la virilité. Cette triste réputation sur le café, propagée par certains médecins de l’époque, surtout en France, se poursuivra longtemps à travers toute l’Europe.
Pourtant, le roi Louis XV a une passion pour le café qui le pousse jusqu’à cultiver à Versailles des caféiers en serre. Il cueille et torréfie lui-même les fèves puis les passe au moulin. Son plus grand plaisir est d’apparaître au salon, cafetière à la main, pour servir ses intimes.
Le café traverse l’Atlantique
Le café atteint le Nouveau Monde au début du 18ème siècle. La boisson n’a pas rencontré un grand succès en Amérique jusqu’à la « Tea Party » de 1773. La « Tea Party » fait référence à une révolte politique à Boston (alors capitale de la Colonie de la baie du Massachusetts) contre le Parlement britannique. Une « tea party » consistait alors à passer par dessus bord la cargaison de thé d’un bateau dans le port de Boston. Dès lors, préférer le café au thé était devenu comme un devoir patriotique. La guerre civile et les autres conflits qui ont suivi ont également contribué à augmenter la consommation de café, surtout pour les soldats qui comptaient sur la caféine pour obtenir un regain d’énergie.
Depuis, les Américains aiment le café, tout autant que le reste du monde. Theodore Roosevelt lui-même est compté parmi les grands buveurs de café de l’Amérique. Selon la rumeur, il consommait un gallon (environ 3,5 litres) de café par jour !
Il y aurait encore beaucoup à dire sur le café et son histoire. Aussi, si vous avez des anecdotes sur l’histoire du café, partagez-les !
